Les traditions musicales monodiques (ou à une voix) d’Asie occidentale et centrale, d’Afrique du Nord et d’Europe médiévale ont ceci en commun que de faire reposer la composition et l’improvisation sur des modèles mélodiques dénommés modes. En outre, cette élaboration met en œuvre des modèles rythmiques qui sont inféodés au contexte culturel, s’agissant de la métrique de la parole chantée et de celle du geste (rituel et/ou chorégraphique) musicalisé. La théorie sémiotique modale que présente ce livre propose une description formelle de cette élaboration musicale traditionnelle sous la forme d’une grammaire générative qui réécrit les textes musicaux en leur structure profonde. Celle-ci subit une suite de transformations pour aboutir à la composition ou improvisation proprement dite. De ce jeu sur les structures mélodiques modales sous-jacentes et leurs modalités sémantiques (question, réponse, suspension, prolongation) surgit une signification musicale intrinsèque. Celle-ci se complète d’une signification culturelle qui est inhérente au sceau stylistique rythmique qu’impriment dans la pâte musicale la parole et le geste musicalisés. Cette analyse sémiotique est appliquée à un échantillon de musiques ecclésiastiques et de séquences qui relèvent de la tradition musicale lettrée arabe du Mašriq.